Durant le dernier trimestre de l’année, on rédige sa liste au père Noël, mais on prépare aussi son entretien annuel.
Chaque année, au moins 1 salarié sur 3 estime que l’entretien annuel est un moment stressant. C’est ce que révèle le sondage mené par BVA pour Club Média RH, datant de 2018.
Afin de ne pas avoir de regret, ni de confondre son entretien avec sa liste de Noël, on fait le point sur les idées reçues pour préparer au mieux ce rituel.
> Fausse bonne idée N°1 : “Et si j’improvisais le jour J”
Oui, les bienfaits de l’improvisation théâtrale ne sont plus à démontrer pour travailler sa spontanéité ou surmonter sa timidité. Mais un entretien annuel ne s’improvise pas. Certaines entreprises, ou certains managers, peuvent vous demander de produire ou de remplir un document. Bien que parfois mal défini ou fastidieux, ce n’est pas anodin.
Cet exercice vous donne un aperçu du déroulé de l’entretien annuel. Cela vous permettra donc d’organiser vos idées, et de vous préparer sur les différents sujets qui seront abordés.
Et surtout, cela vous préservera des éternels regrets a posteriori, d’avoir oublié un sujet ou de ne pas avoir pu aborder un point en particulier; le fameux “j’aurais dû en profiter pour ….”
On retient donc que la vraie bonne idée reste de prendre le temps de bien préparer son entretien annuel.
> Fausse bonne idée N°2 : “Et si je faisais l’impasse sur les difficultés/échecs de l’année”
On parle souvent à tort d’entretien d’évaluation. Certes, l’évaluation de la performance et la réalisation des objectifs sont des sujets importants de l’entretien annuel. Mais si les résultats ne sont pas là, comment pouvez-vous correctement restituer votre année sans vous dévaloriser ?
La tentation serait donc de ne pas aborder les difficultés auxquelles vous avez fait face. Au contraire. La façon dont vous avez surmonté ces difficultés, ou rebondi sur vos échecs, est parfois tout aussi parlante. Voire parfois plus que vos résultats !
Et si vos résultats sont bons, parlez aussi de vos échecs, et de l’apprentissage découlant de ces derniers. Cela démontre que votre performance n’est pas dûe au hasard mais à un engagement de moyens de votre part.
On retient que la vraie bonne idée est de capitaliser sur vos succès, mais aussi sur l’apprentissage de vos échecs.
> Fausse bonne idée N°3 : “Et si je faisais tout simplement l’impasse sur cet entretien”
“Chronophage”, “sans impact”, ”redondant”… tous les qualificatifs sont bons lorsque l’on veut éviter l’exercice de l’entretien annuel.
Quelles que soient les appréhensions, frustrations ou reproches que l’on peut avoir à ce moment de l’année, il y a très peu de chances qu’ils disparaissent avec la magie de Noël. C’est justement pour toutes ces raisons qu’il est nécessaire de se prêter à l’exercice et de bien préparer son entretien annuel.
Si vous n’avez pas l’occasion d’échanger régulièrement avec votre manager, c’est le moment ou jamais pour mettre cartes sur table et lever tous les sujets qui se sont accumulés dans l’année. Vous pourriez être (agréablement) surpris du résultat.
Bien sûr, dans un monde idéal, vous auriez une multitude d’occasions d’échanger avec votre manager pour lever les points d’attention au fur et à mesure. Et donc de ne pas accumuler de frustration qui génère, on le sait, une démotivation et un désengagement latent.
Néanmoins, si cela n’est pas possible, vous avez a minima ce rituel annuel dédié pour donner votre feedback et vous exprimer pleinement.
La vraie bonne idée est de saisir toutes les occasions pour recevoir et donner du feedback, et l’entretien annuel en est une !
> Fausse bonne idée N°4 : “Et si je demandais une grosse augmentation pour espérer en avoir une”
Demander plus pour avoir ce qu’on veut vraiment…. les bases de la négociation, non ?
Et bien non ! Certes la négociation salariale est souvent le point le plus épineux, généralement le plus controversé, de l’entretien annuel.
Selon les entreprises, les augmentations sont collectives, individuelles avec plus ou moins de marge de manœuvre pour les managers. D’ailleurs, votre interlocuteur n’est pas toujours le décisionnaire, et/ou est rarement seul décisionnaire.
Le risque de surévaluer votre demande d’augmentation est de la faire paraître totalement dénuée de crédibilité et de réalisme. Et donc de braquer votre interlocuteur, votre manager et tous les décisionnaires de cette augmentation.
Quelle que soit l’organisation de votre entreprise, il vaut mieux rester dans un échange constructif pendant l’entretien annuel et fonder vos arguments sur des faits, ainsi que sur la connaissance des usages de la société.
Vous serez toujours gagnant à faire de ce sujet un sujet de convergence plutôt que de confrontation. Cela permettra d’envisager toutes les solutions (variables, avantages…) pour trouver le meilleur compromis.
À retenir : une négociation n’a pas à être conflictuelle ou surjouée. Les meilleurs résultats de négociation résultent d’un échange apaisé et constructif.
En conclusion, si l’entretien annuel reste encore (trop) souvent synonyme de stress ou même d’inefficacité, il peut s’avérer être un échange digne d’intérêt pour le salarié comme l’entreprise. Tout est une question de perception, mais aussi de préparation. Libre de repenser ce moment pour poser les bases d’un dialogue constructif.
Un entretien apaisé et utile pour les 2 interlocuteurs peut même ouvrir la voie à de nouveaux usages d’entreprise, en encourageant la multiplication de ces moments de suivi et d’échanges.
Un entretien annuel bien construit peut alors mener à une politique de feedbacks réguliers et devenir donc un entretien semestriel, trimestriel…